Architecture de paysage

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Par le temps et la mer


Projet réalisé par

Marianne Pascual

Le projet pour le futur littoral de l’anse du sud à Percé aborde la problématique des changements climatiques, un enjeu face auquel les aménagistes d’aujourd’hui cherchent encore des réponses durables. Si le projet se concentre sur le cas spécifique de l’anse du Sud dans la ville de Percé, il se veut une réflexion globale sur l’aménagement des zones urbanisées du littoral québécois face au défi des changements climatiques. Ces notions ont permis d’apporter une réponse pragmatique au problème de recul de berge tout en apportant une dimension narrative et mémorielle. Ainsi, au lieu de lutter contre la mer et les mouvements de la côte, le projet s’en fait des alliées et les utilise comme vecteurs principaux. Il enrichit l’expérience touristique tout en supportant la biodiversité. Tout en répondant à des enjeux actuels bien réels, mon projet de fin d’études se veut aussi un hommage à la mer et à son caractère sublime. Il nous incite à être plus attentifs à ses états et à arrimer notre rythme au sien. Il est une invitation à renouer avec l’expérience du rivage à travers toutes ses formes. En renonçant à l’idée de le contraindre, mon projet réinstaure une relation de respect entre l’océan et l’être humain, rapport d’humilité qui parait important de rétablir aujourd’hui, à une époque où l’on pense possible de dominer la nature.

Concept et intervention

L’opérationnalisation de ce concept s’appuie sur quatre interventions de nature distincte : la première remet en question la structure même du noyau villageois et reconfigure le front commercial de l’anse du Sud. La seconde cherche à redonner à la grève sa nature d’origine de pré-salé. La troisième révèle le trait de côte passé et futur de l’anse du Sud par un dispositif de marquage temporel. Ces dispositifs, en plus de leur fonction narrative, agissent également comme récif artificiel. La quatrième intervention propose une nouvelle promenade adaptée au caractère dynamique de la côte, répondant à l’achalandage touristique estival.

Mise en valeur de l'histoire de Percé

Le chafaud, ancien poste de salaison pour la pêche à la morue, aujourd’hui reconverti en centre d’interprétation sur l’histoire de la pêche, est relocalisé à l’extrémité nord de l’anse du Sud. Lui faisant face dans un axe direct, des panneaux autoportants sont fixés de manière temporaire. Ils accueilleront des expositions photographiques sur le thème de la mer.

Support à la biodiversité

La deuxième intervention prévoit de renaturaliser les berges de l’anse du Sud afin de recréer une zone de pré-salé. Les prés-salés sont des milieux d’une grande richesse écosystémique. Ils assurent des fonctions écologiques et augmentent la résilience du milieu face aux assauts de la mer en plus d’être d’une grande valeur esthétique.

Récif artificiel et marqueur temporel

Cette troisième intervention propose de marquer l’emplacement du trait de côte actuel, celui de 1950 et celui projeté pour 2068. Ce dispositif de marquage historique et prospectif rend tangible le phénomène de recul de berge. Ces repères visuels font écho aux barques de pêcheurs de morue qui jadis accostaient sur la rive de l’anse du Sud pour y décharger leurs poissons.

Une architecture mobile

Afin de permettre aux commerçants de conserver leur proximité à la mer, tant prisée par les touristes, une entente avec la ville leur permettrait la mise en place de bâtiments saisonniers sur le front de mer. Ainsi durant les mois d’été, on verrait s’installer sur la grève une série d’équipement touristique qui, à la façon des premiers baraquements de pêcheurs, serait démontée la belle saison terminée. Cette nouvelle structure urbaine est plus adaptée aux conditions dynamiques de la côte, mais ne compromet pas les activités économiques liées à l’utilisation du littoral.