Architecture de paysage

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La Jetée Champlain

Conversion paysagère du pont Champlain

Projet réalisé par

Cloé Cousineau

L'avancement du chantier du Nouveau pont Champlain, dont l’ouverture est promise pour le mois de décembre 2018, nous porte à réfléchir collectivement sur l’avenir du pont actuel. Sa déconstruction prochaine nous invite porter un regard critique sur l’obsolescence de nos environnements et instigue un projet de paysage partant de la prémisse de Lavoisier « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » (Lavoisier, 1789). La Jetée Champlain adopte une stratégie de démantèlement partiel afin de constituer des potentiels environnementaux, sociaux et économiques par le projet de paysage. Par son programme et la récupération/transformation progressive de la matière, le projet de paysage fait appel aux principes d’économie circulaire et de tiers-lieu. Une grande promenade universellement accessible tant par Montréal que par la rive Sud rejoint les communautés riveraines au centre du fleuve et au cœur d’une programmation dynamique proposant une diversité d’interactions avec le paysage fluvial. La déconstruction du pont transforme sa vocation fonctionnelle en un élément producteur de sens et d’expériences – un nouveau lieu de mouvement, d’échanges et d’épreuves sublimes avec le paysage. Sa réappropriation est donc l’occasion de réinventer les traversées du fleuve Saint-Laurent et d’habiter le paysage fluvial, suspendus entre deux rives.


La Jetée Champlain projette de convertir l’actuel pont Champlain en un dispositif de traversée expérientielle déployé en trois séquences : le Parc de la Jetée, les Jardins suspendus de la Jetée et l’Île des Ponts. Enjambant le fleuve Saint-Laurent, vecteur des identités insulaires et riveraines pour l’ensemble de la communauté métropolitaine, la Jetée Champlain relie deux pôles programmés s’ouvrant sur des espaces publics généreux ; l’un se présente comme une nouvelle/sortie de ville du côté de la rive Sud, tandis que l’autre s’arrime à la digue de la voie maritime au cœur du fleuve et à l’Estacade qui lui est adjacente. Le récit du projet, à lire dans le parcours de ces trois séquence, révèle l’histoire de sa construction et de sa déconstruction pour tous les usagers susceptibles d’interagir avec le lieu - automobilistes, marcheurs et cyclistes perçoivent, dans l’orientation Sud, la construction du pont et inversement, sa déconstruction vers le Nord.

Le reste comme potentiel

Basés sur la notion de reste, les fragments de béton concassés et répartis dans des topographies modulent ce secteur riverain ordinairement plat de l’ancien paysage agricole. Ces fragments composent une nouvelle matrice des couches du projet de paysage : les alluvions [des restes d’eau], des vides, des bribes de la mémoire locale, des massifs végétalisés, un réseau déambulatoire contemplatif et immersif ainsi que deux fragments bâtis. Ces couches sont interdépendantes et assurent la performance du lieu dans le temps en prenant appui sur les principes de l’économie circulaire et du tiers-lieu.