Architecture

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médiation & altérité

Couper et lier par le pont

Projet réalisé par

Marc André Perreault

Comment composer un geste architectural capable de réhabiliter un quartier en proposant une composition infrastructurale cohérente à superposer au collage complexe dont il est fait, avec l’aide de principes tirés du concept de pont habité? Mon projet thèse repose sur le constat que la ville est une oeuvre construite composée de couches d’information superposées et/ou opposées tel un collage, définissant la diversité urbaine. Le vaste geste résultant de la question de recherche s’implante dans le quartier de la maison de Radio-Canada, considéré dans un horizon élargi, c’est-à-dire incluant le Saint-Laurent, l’usine Molson et le Faubourg Québec; un espace à Montréal dont le collage urbain est un des plus riches, du fait de son histoire longue, parfois violente et surtout complexe. Dans la relation entre le présent et l’avenir de ce lieu, le risque serait de palier au malaise spatial actuel en poursuivant la ville normée, en optant pour une planification traditionnelle effaçant et castrant, par l’imposition du système urbain «ordonné» et «productif», la capacité de ces lieux de suggérer de nouvelles manières de vivre la ville; une liberté nouvelle d’habiter, de jouer, de communiquer, de traverser. Afin de célébrer les ruptures; afin de faire entrer ce vaste espace en dialogue avec les identités des paysages qui le bordent; afin de stimuler l’imaginaire sur les possibilités futures de développement du site sans le dénaturer; afin de créer un espace de médiation riche, vivant et capable de résoudre le malaise vécu à sa frontière: ce pont habité propose une réinscription par l’architecture d’espaces oubliés de la ville. Il propose d’aller au-delà de la simple cohabitation qui serait pure tolérance désintéressée. Il saisit extrêmes et potentiels et les lie par l’unicité du pont circulaire, constitué d’un espace public continu comme tronc cérébral et conçu par une succession de coupes scénographiées informant les relations spatiales et visuelles entre les espaces pleins et vides; dessus et dessous; intérieurs et extérieurs au pont. L’ensemble enrichit la ville d’une nouvelle couche, d’un nouveau paysage, d’un nouveau seuil.

Un pont sur la ville

Tout le long du parcours aérien circulaire de 4 km, des moments sont priorisés en fonction des limites et des espaces que le pont surplombe. La travée est double et constitue un espace public partagé continu. Un anneau large de 15m enserre un anneau de 6m, orienté vers l’intérieur. Chacun des anneaux s'adapte au contexte en ondulant tel des montagnes russes, créant des sommets et des points de rencontre avec le sol. Aussi, les deux travées se rencontrent en une dizaine de points lorsque la pente ascendante de la courbe de l’un rattrape ponctuellement la pente descendante de l’autre. Ces jonctions créent une alternance de segments, définissant espaces bâtis et programmes. Le projet ici présent concerne le segment 1 du pont.

Définir les possibles

La coupe est au coeur de la morphogénèse du projet. Une série de 14 coupes élémentaires théoriques identifiées en fonction de différents rapports quant au cadrage des vues, à l’ouverture au ciel et à la porosité des ouvertures a permis la création d'un lexique de relations spatiales possibles, en coupe, grâce à leur combinaison. Ce lexique doit permettre de créer le bâti et les espaces du projet en fonction de qualités et caractéristiques recherchées.

Créer les espaces par la Coupe

Suivant le parcours public extérieur du projet, une série de relations ponctuelles d’importance avec le contexte urbain environnant ont déterminé autant de coupes dites «d’intentions spatiales», transversales aux travées du pont, et adaptées à partir du lexique pré-établi de coupes possibles. Une séquence scénographique de moments contextualisés liés entre eux pu enfin donner corps à l’architecture du projet.