Architecture

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À chacun son canal

L'architecture contre l'isolement social

Projet réalisé par

Anne-Julie Nolet

L’arrondissement du Sud-Ouest de Montréal est en pleine gentrification. Pour le quartier, cela signifie une revitalisation des espaces publics et des logements. Pour les habitants originaires du quartier, cela signifie notamment une hausse du prix des loyers et une dépossession des espaces publics qui leur sont identitaires. En effet, les espaces que nous côtoyons permettent la socialisation, ils nous permettent de constater les différences et les similitudes de soi par rapport à l’autre, et ainsi de s’identifier comme faisant partie d’un groupe, d’une communauté, de la société. Les alentours du Canal Lachine, qui servaient autrefois aux usines et aux logements des ouvriers, est aujourd’hui lieu de loisirs touristiques et de résidences de luxe. Les résidents de longue date ne se reconnaissent plus et délaissent petit à petit les espaces publics pour s’isoler dans leur logement. À cela s’additionne une offre insuffisante en alimentation saine et abordable. L’objectif du projet thèse est alors de répondre aux besoins de base des résidents de Saint-Henri, soit de se loger et de se nourrir, tout en revalorisant leur place au sein du quartier et de la société. Le projet se développe sous la forme de blocs résidentiels reliés par des passerelles et ponctué d’espaces visant principalement à offrir une alimentation saine et abordable. Le bâtiment s’implante sur Saint-Ambroise, aux abords du Canal Lachine en opposition avec les multiples condos qui se construisent. Les espaces communautaires s’enchaînent en suivant un parcours mettant en valeur l’histoire du canal Lachine, à travers les matériaux et les vues cadrées sur les vestiges de l’ère industrielle. Les différents espaces du parcours créent des seuils d’appropriation diverses de par leur fonction, leur qualités architecturales et leur position le long du parcours et favorisent l’utilisation des espaces collectifs pour contrer l’isolement social. Le bâtiment devient le point de départ de la réappropriation des espaces publics du Sud-Ouest. À mesure que les résidents se sentiront à l’aise dans l’espace du projet, leur appropriation des lieux rayonnera peu à peu vers le reste de Saint-Henri, en commençant par les espaces publics environnants.