Urbanisme

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La conversion communautaire

Un idéal à promouvoir pour la sauvegarde du patrimoine religieux

Projet réalisé par

Philippe Tremblay

Les églises catholiques romaines sont sans contredit des éléments emblématiques du patrimoine bâti québécois. De la Nouvelle-France au Québec moderne, ces éléments centraux à l’urbanité des villes et des villages ont façonné le territoire dans l’ensemble de la province. Leur contribution historique à l’organisation spatiale ainsi que le rôle central qu’elles ont joué dans ’édification de notre société sont indéniables. Au-delà de leur vocation religieuse et de leur valeur patrimoniale, les églises ont aussi une valeur communautaire unique et inégalée. Les changements sociétaux des années 1970 et la décroissance des pratiques religieuses traditionnelles sont à l’origine de la désaffectation des lieux de culte, une problématique qui touche l’ensemble du Québec. Sans ressources humaines et financières suffisantes pour les entretenir, les responsables doivent se résigner à ce qu’elles soient dénaturées par des projets de conversions incompatibles ou simplement fermées, condamnées à une lente détérioration entraînant ultimement leur démolition. Face à un parc immobilier sans cesse grandissant et à une valeur patrimoniale plus que jamais menacée, la réflexion sur l’avenir des églises catholiques romaines du Québec est un enjeu patrimonial qui a fait couler beaucoup d’encre dans les dernières années. Pour aborder la problématique, la présente étude visait à répondre à deux questions. 1_Comment assurer la conservation du patrimoine religieux dans le contexte de financement et d’encadrement actuel? 2_Comment favoriser la transmission des églises à travers des projets de conversion communautaires adaptés aux besoins des collectivités? Cette démarche nous aura amené à caractériser la patrimonialisation des églises dans une approche chronologique, à évaluer les principaux enjeux qui menacent le patrimoine religieux, à étudier les expériences positives et négatives de conversion, ainsi qu’à explorer le potentiel d’intégration du financement participatif dans les initiatives de transformations communautaires. Source de la photo : Beaupré Michaud et associés architectes

Un patrimoine menacé

Les structures d’encadrement et de planification qui régissent les pratiques de conversion des églises et les transactions immobilières sont ponctuelles et réactives à des cas urgents. L’absence d’une planification à long terme pour prendre en charge la problématique des églises entraîne des pertes patrimoniales importantes. Les critères de subvention limités à une compréhension architecturale de la problématique restreignent les initiatives de conversion communautaire. De plus, il faut considérer l’importante charge financière associée à l’acquisition, à la restauration et à l’adaptation de ces bâtiments monumentaux. Pour s’adapter aux différents contextes territoriaux, les églises adoptent une typologie variée qui influence l’intensité de leur rôle structurant. La méconnaissance de cette diversité morphologique dans les contextes d’intervention persiste au sein des programmes de subvention étatiques et occasionne « [...] des réaffectations incompatibles avec le caractère fondamental des lieux. » (Gérard Beaudet, 2006) Source de la photo : Jacques Nadeau

Caractéristiques des projets de conversion communautaires

Les ouvrages consultés dans le cadre de notre démarche arrivent presque tous au même constat : la conversion communautaire est un idéal pour transmettre le sens des églises, tout en renouvelant leur pertinence dans l’urbanité moderne. Nous aurons constaté que l’implication d’acteurs sociocommunautaires dans une structure centralisée et administrée par des porteurs de projets permet de consolider des initiatives ancrées dans les besoins des communautés. Il faut aussi mentionner que la mise en oeuvre des transformations étudiées a nécessité entre 7 et 15 ans. Grâce à une programmation multifonctionnelle et modulable, ces conversions communautaires font preuve de créativité pour s’adapter aux lacunes des structures de financement et d’encadrement étatiques. Source la photo : Conseil du patrimoine religieux du Québec

Patrimoine religieux et sociofinançement

Dans sa forme actuelle, le modèle de sociofinancement québécois permet à de petites initiatives de mobiliser des ressources financières et les communautés autour de projets de petite envergure. S’il ne s’agit pas d’une solution miracle en regard de la problématique des églises, il permet néanmoins le réaménagement de parvis et d’espaces communautaires extérieurs près des églises. En profitant du caractère multifonctionnel et modulable des initiatives de conversions communautaires, nous sommes d’avis que le sociofinancement pourrait permettre de favoriser la mise en oeuvre de certaines composantes de ces grands projets de réappropriation. Source de la photo : Mon limoilou