FATTAL CITY
Architecture
Daniel Henao Espinosa
Le modèle économique nord-américain actuel, caractérisé par une croissance économique lente, entraîne la société moderne vers une crise de subsistance qui ne tient que très peu en compte les priorités de l'humanité dans son ensemble. Il est nécessaire de porter un regard critique sur la société d’aujourd'hui et les règles qui régissent le monde de façon à mettre en échec les piliers de ce modèle économique que sont l'accumulation des biens, l'individualisme et la conviction de pérennité infinie.
Pour ce faire, les communautés intentionnelles apparaissent comme l’espoir d’un avenir meilleur pour notre société, car leur intention est de changer les règles sociologiques contemporaines de façon à mieux vivre ensemble. Tel est le cas des Christiania à Copenhague ou, plus proche de nous, de Cohabitat à Québec. Dans ce dernier cas, le modèle de coopérative de solidarité volontaire est intégré au projet développé pour l’ensemble de bâtiments situés au 617, rue St-Rémi. Logements, entrepôts, bureaux et ateliers constituent les programmes de cet ensemble, reliés par une grande cour intérieure servant de stationnement. La population éclectique qui y habite est le reflet de la mixité de la ville, transposé à l’échelle réduite du quartier. En d’autres mots, c'est une véritable petite ville dans la ville. "Bienvenue à FATTAL CITY".
À l'heure actuelle, l'individualisme et l'accumulation des biens représentés par le seul propriétaire milliardaire de Fattal ont mis un frein à de nombreuses initiatives possibles de vie associative dont, entre autres, des espaces sociaux, de l'agriculture urbaine, des jardins et des réfrigérateurs communautaires. Cela rend plus difficile l'établissement de mécanismes d'autosuffisance, éléments centraux du dogme qui anime la plupart des habitants de cette ville dans la ville.
En réaction, le projet Fattal City cherche à développer trois pôles. Premièrement, le développement du pôle d'ouverture, qui permet de désenclaver l’ensemble des bâtiments vers le quartier adjacent à l'aide d'espaces d'échange, tant économiques que culturels, ainsi que par l’aménagement d’accès plus directs aux espaces verts de la nouvelle ville. Ensuite, le développement du pôle communautaire, qui consiste à réaménager les espaces existants au cœur de l’ensemble des bâtiments pour les transformer en espaces propices à la vie en communauté et qui incitent au partage et à l’alimentation (nourrir le corps et l’esprit). Enfin, le développement du pôle d’habitation, qui relocalise les personnes qui vivaient dans les espaces qui seront réaménagés et qui accueilleront les nouveaux habitants de la communauté. À cet égard, il est essentiel de travailler conjointement avec les organismes d'économie solidaire œuvrant dans le secteur (« Bâtir son quartier » et « Solidarité Saint-Henri »). Ces organisations seront en mesure de guider les résidents dans leurs initiatives de rassemblement. De plus, la communauté de Fattal City peut s’appuyer sur ces organismes dans sa recherche d’aides économiques gouvernementales et / ou philanthropiques nécessaires à la concrétisation du projet.
Il est important de comprendre que la communauté punk et artistique qui réside à Fattal City est en danger dans la situation actuelle. Seul le propriétaire privé peut prendre les décisions concernant l’avenir de l’ensemble des bâtiments et de leurs habitants. Il est impératif de soutenir la communauté qui souhaite se réunir et participer au début d'un nouveau modèle de société. Fattal City veut créer une ville dans la ville. Cette ville doit nécessairement être à l'image de ses habitants pour subvenir à leurs besoins.