Retour aux projets

Passage intensif : la beauté de l'ambiguïté, se mouvoir pour percevoir

Architecture
Shona Bernier
Le projet thèse est une recherche-création étayant la médiation d’un fragment de la lisière du mont Royal. Accroché au flanc nord du mont Royal, le campus de l'Université de Montréal présente de sérieux problèmes d’accessibilité. La principale aire de stationnement de l’université, le garage Louis-Colin, est entrelacé avec la montagne. Creusé dans la roche, il constitue lui-même, avec son architecture en béton brut, un fragment de la montagne. En termes de flux, ce lieu de passage accueille les gens qui arrivent en voiture, et ceux qui le traversent, allant des stations de métro Université de Montréal et Côte-des-Neiges vers les pavillons situés en haut du campus. Cette dernière fonction est importante, mais par la structure existante, elle n’est pas pleinement assumée. Comme le parc du Mont-Royal comporte peu d’entrées sur son périmètre avec la lisière bâtie, le site du garage, étant déjà transitoire pour le campus, constitue un réel potentiel de passage de la ville à la montagne. Une série d’interventions, appuyées sur l’état du lieu, vient désenclaver le paysage institutionnel et amplifier le caractère de site de transbordement et d’entrelacement avec le mont. Une promenade architecturale creusée dans le roc, des coupes géométriques effectuées dans le béton et un café inséré dans le garage, capturent les flux des piétons, orchestrent les mouvements de l’homme, de la machine, de la lumière et invitent à se mouvoir dans cet espace piranésien. La nature du nouveau lieu dans son ensemble est celle de passage, un passage intensif, au sens Deleuzien.

La promenade architecturale, transformation majeure du réseau piétonnier, accentue l’aspect piranésien du paysage du garage. Elle se compose de volées d’escaliers multiples, entrelacées entre le garage et la paroi rocheuse. Ses escaliers métalliques en caillebotis laissent voir au travers et reflètent la lumière des phares avec leur matière. Travaillé dans le même registre que la promenade, un ascenseur extérieur relie tous les étages.

Des coupes géométriques, aux figures simples, sont effectuées sur trois niveaux. Celles-ci apportent plus de lumière naturelle dans la section la plus profonde du garage. La configuration de ces coupes est changeante en créant des paysages entrelacés, augmentant toujours le dispositif piranésien de l’espace. Les garde-corps contribuent, comme ceux de la promenade, au paysage en reflétant le mouvement des phares.

Visible depuis l’avenue Louis-Colin, un café s’installe dans le garage afin de capturer les flux des piétons. Cet espace est tempéré, simple et délimité par des parois de verre. En période clémente, la paroi du côté de l’avenue Louis-Colin s’ouvre vers l’extérieur, en reprenant le langage formel des porte-à-faux. C’est un espace dont l’ambiance diurne contraste avec l’ambiance nocturne, comme celui du garage dans son ensemble.