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Espaces «publics» privés

Urbanisme
Amélie Longpré
Le processus de privatisation des espaces publics, par lequel des espaces de rencontres privées sont créés au détriment des espaces publics, a un impact sur la durabilité des milieux de vie. Le centre «lifestyle», une forme de privatisation des espaces publics, est la mouture la plus récente du centre commercial. Cherchant à reproduire l’ambiance d’une rue commerciale en misant sur la mixité des usages, ce type de développement immobilier ayant fait ses premiers pas au Québec avec le Quartier DIX30 en 2006 est toujours d’actualité. La preuve, le projet Royalmount, situé à l’intersection des autoroutes 15 et 40, est présentement sur la table à dessin. Traditionnellement, l’espace de rencontre de la banlieue a été celui du centre commercial. À l’origine, celui-ci se voulait un lieu d’urbanité dans la banlieue, où il serait possible de se balader et où un sentiment de communauté serait entretenu. Cette vision n’a malheureusement pas été réalisée; seuls les éléments plus lucratifs du modèle ayant été retenus et l’inclusion d’activités culturelles ayant été abandonnée. À travers une analyse des usages des espaces communs du DIX30, il est possible de déterminer si ceux-ci respectent des principes d'un espace public de qualité et de voir comment ils peuvent être améliorés.

Un espace public idéal est un endroit accessible, avec un aménagement adaptable et avec des usages et usagers variés. C'est un espace appropriable par les citoyens, qui peuvent participer au lieu en créant leurs propres activités.

La privatisation des espaces publics est un processus par lequel de nouveaux espaces de rencontres privées sont créés au détriment d’espaces publics, où des espaces publics existants sont transférés au privé ou à travers lequel l’accessibilité aux espaces publics est restreinte.

Le DIX30 est situé dans la Ville de Brossard, une banlieue en cours de densification. La Ville cherche à transformer sa banlieue-dortoir en ville-lisière, un espace urbanisé périphérique à une métropole qui concentre des entreprises, des services, des centres commerciaux et des loisirs.

Les espaces communs du DIX30 ne sont pas attrayants en hiver. Par exemple, l'Oasis urbain, une rue piétonne animée en été, qui cherche à attirer des visiteurs avec du mobilier urbain et de la peinture au sol, est réouvert à la circulation le reste de l'année et n'est pas entretenu. La place de l'automobile au DIX30 a des impacts négatifs sur la qualité des espaces communs entre autres en limitant leur accessibilité à partir des voies publiques, telles que le boulevard du Quartier et le boulevard Leduc.

Les usages faits des espaces communs du DIX30 sont aussi limités. La programmation stricte fait en sorte que les visiteurs peuvent difficilement réaliser les activités qu'ils désirent, et la petite superficie des espaces ainsi que leur manque d'attractivité durant les saisons autres que l'été font que le nombre d'usagers des espaces communs est restreint et que ceux qui les utilisent ne s'en servent généralement que comme lieu de transit.