Entre voisins : des communs pour Mercier-Ouest, au fil du ruisseau Molson

Maîtrise en Architecture

Dans une perspective de crise climatique et de transformation des paradigmes économiques, quels seront les espaces pour les travailleurs, entreprises, citoyens et artistes de demain ? Le projet suivant se veut un bâtiment manifeste. Il propose de redonner des espaces dans la ville pour ses citoyens. À chaque voisinage ses communs ! Ce projet architectural s’inscrit également dans une promenade de remise en valeur de la mémoire du ruisseau Molson, projet urbain visant à redonner aux citoyens, aux eaux de pluie et aux espèces vivantes un espace à travers la ville bétonnée.

Déjà, dans les années 1960, l’urbaniste Henry Lefebvre développait le concept du « droit à la ville ». Dans sa plus simple expression, c’est une autogestion complète ; autrement dit, les personnes qui utilisent la ville en déterminent la forme et la fonction. C’est dans cette optique que s’ancrent les deux aspects fondateurs du projet, découlant des enjeux et des potentiels propres à ce quartier.

Le premier aspect : Travailler autrement, soit une reconquête du temps et des espaces de la ville. Il est question ici d’espaces alternatifs de travail, autogérés et flexibles pour les travailleurs, les artistes et la communauté de Mercier-Ouest.

Le second aspect : Manger localement, soit nourrir une communauté de proximité. Le projet comprend donc des espaces de production alimentaire biologique à petite échelle, pour la communauté et ouverts à tous, en réponse au désert alimentaire du secteur.

De tels principes peuvent se traduire dans la ville par des espaces qu’on nomme les « communs », soit des espaces autogérés, ni publics ni privés, dans lesquels sont partagés les usages et les responsabilités dans une optique de mise en commun des ressources sociales, environnementales, matérielles et culturelles.

Cette idée de remettre en question les paradigmes de la propriété individuelle ne date pas d’hier. Le terme « communs » découle en effet des écrits d’Elinor Ostrom, qui dans un article de 1968 parlait déjà de méthodes alternatives de gestion des ressources dans une optique de partage communautaire. Ces réflexions reviennent d’ailleurs aujourd’hui dans de nombreux discours par rapport à la transition écologique du 21e siècle sous le thème de la décroissance.

Alexandra Dion-Fortin