Médiation d’un paysage ordinaire

Maîtrise en Architecture

Notre appréciation esthétique du réel offre généralement un exemple de sensationnel aux dépens du banal. Or, l’esthétique du quotidien affirme le potentiel de l’objet esthétique (art) à appeler l’existence de réalités alternatives. Elle annonce un nouveau mode de perception dans lequel tous les aspects banals du réel sont posés comme une réalité faisant partie de la beauté du paysage. L’idée est donc de rendre ces aspects de la vie accessibles et acceptables. Espace de médiation plutôt que construction, le projet est un centre d’art in situ dans lequel la réalité d’un site ordinaire est le principal objet exposé. Situé le long de la rue Wellington, le musée veut brouiller la limite entre l’art et le réel, suggérant que son site dans toute son authenticité est une œuvre d’art. En articulant une mise en scène des réalités déjà présentes du site sur une base nouvelle, le projet cherche à renouveler des références sur lesquelles nous avons été formatés et créer une expérience nouvelle à partir du connu ; de l’extraordinaire à partir du banal. C’est une architecture d’altérité et de nouveau dialogue, qui aspire à altérer les dimensions sensorielles du corps et du territoire afin de reconstruire le réel et d’en anticiper un nouveau. Dans l’ensemble, le projet interroge la façon dont nous regardons ; la façon dont notre corps est affecté et affecte ; la façon d’être dans l’espace (Benjamin) et à l’espace (Deleuze), le tout en posant un paysage vernaculaire industriel en objet esthétique et le transformant en espace civique.

Cynthia Chu Jiong Seng