La rationalité rassurante de la vie quotidienne se fabrique à travers l’acquisition des habitudes. Ces habitudes conditionnent notre identité ; dans l’espace public, celles-ci révèlent notre statut social. Ainsi, l’espace de la vie courante, au même titre que l’espace du travail, contient des rapports de pouvoir.
L’agriculture urbaine avait d’abord été proposée par Engels comme un moyen pour mitiger le clivage ville-campagne. Puis, elle a été une question de survie en contexte socioécomique instable. De nos jours, elle divertit les adeptes de la culture foodie. Le rapport de loisir à la nourriture — un besoin fondamental — est un marqueur social quotidien. Alors que les jardins collectifs et les ruelles vertes se multiplient essentiellement dans les quartiers en cours de gentrification, on en retrouve beaucoup moins dans les quartiers populaires.
Depuis les années 1990, le concept de troisième lieu d’Oldenburg a été récupéré par certaines programmations municipales. Toutefois, ces projets réussissent rarement à instaurer un terrain commun entre toutes les classes sociales. Mon projet thèse soutient que le troisième lieu, pour être véritablement inclusif, doit puiser à la fois dans les paysages et les programmes déjà existants. Il met en valeur une expérience qui est assurément partagée : l’alimentation.
Le projet est constitué d’un ensemble d’équipements et d’interventions paysagères visant à réaliser le plein potentiel du site en tant que cœur de quartier. On y trouve une place du marché, une cafétéria, une salle de classe, une cuisine collective et des terrains de jeux. Le caractère ouvert du lieu proposé suggère une mutualisation entre les usages publics et collectifs. Le projet réactualise l’espace de l’école comme ressource communautaire en l’inscrivant dans le temps du quotidien et dans un paysage identitaire de quartier.