Dans le cadre d’un projet interfacultaire consistant en la création d’un mini-opéra, j’ai eu l’occasion de collaborer avec Marine Noël, librettiste, et Gabriel Champagne, compositeur, pour la création d’une œuvre intitulée Jacinthe et puis plus rien.
« Une femme âgée se tord de douleur. Elle s’appelle Jacinthe. La douleur habite son bas-ventre. Elle n’est pas expliquée, juste évoquée et montrée. La gestuelle de la chanteuse est importante pour véhiculer son tourment : démarche voûtée, crispations, spasmes, itinéraire circulaire sur la scène… »
La scénographie est composée de deux tours représentant un environnement appartenant à la fois au réel et à l’imaginaire du personnage. La mise en scène est ici illustrée en trois étapes.
Étape1 : La première tour est une extension du corps de Jacinthe, un thorax recouvert d’une membrane étirée et déchirée dont elle semble être prise au piège. Sa silhouette y est dévoilée et elle y exprime ses premières lamentations.
Étape 2 : Jacinthe arrache l’entièreté de la membrane frontale et dévoile son corps évidé. Après s’être dévoilée au public, la douleur de Jacinthe n’est plus intime, elle est mise à nu.
Étape 3 : La deuxième tour, inspirée par le cimetière de San Cataldo d’Aldo Rossi, est un espace funeste. Une accumulation de pots remplis d’un liquide jaunâtre s’y trouve et évoque les parties de l’être dont le personnage a dû se détacher au fil du temps. Elle y sombre dans l’épuisement, laissant le spectateur dans le doute quant à sa fin. Succombe-t-elle à sa douleur ou se réveillera-t-elle pour subir de nouvelles crises ?