À l’heure où le patrimoine religieux est déserté par les fidèles, où le diocèse et les fabriques n’ont plus les moyens de les entretenir, il est important de se rappeler qu’il constitue pourtant une identité forte du paysage urbain québécois et une richesse culturelle valorisée par la communauté.
La valeur de l’édifice n’est pas seulement esthétique, architecturale ou historique ; elle est aussi sociale, définissant une identité, des pratiques, un héritage.
Parmi ces pratiques à valoriser, on retient l’accueil, l’asile, la protection, le refuge.
À ce titre, la reconversion de l’église Saint-Eusèbe-de-Verceil en un hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale semble être tout à fait pertinente.
Créées dans les années 1970, ces maisons d’hébergement d’urgence accueillent, logent et accompagnent les femmes violentées dans leur reconstruction. Peu de propositions architecturales ont pourtant été étudiées depuis, cette préoccupation semblant être superflue face à l’urgence des situations. Pourtant, il parait évident que le design d’intérieur a un vrai rôle à jouer dans la reconstruction psychosociale des victimes.
Le présent projet tente d’apporter une assistance efficace pour la réadaptation de ses occupants dans la société, tout en s’adaptant aux nombreux profils accueillis. Il a pour objectif de recréer un lieu de vie temporaire, mais appréhendé comme un véritable chez-soi. Il conjugue à la fois besoin d’intimité et ouverture à la vie communautaire.
Le plan est pensé comme un village intérieur, un espace sacré protégé. Le volume principal de l’ancienne église où s’organisaient les rassemblements de fidèles est maintenant destiné aux rencontres et échanges entre hébergées. Les bas-côtés anciennement des chapelles sont transformés en logements privés, lieux de repli, d’intimité et de médiation.