Le village des générations

Maîtrise en Architecture

Montréal est-elle en train de perdre son statut de ville habitable ? Depuis quelques années, il est de plus en plus difficile, voire impossible pour des familles de vivre à un coût abordable dans les quartiers centraux de la ville de Montréal. Les récents développements immobiliers étant construits selon une idéologie de profit et de densification sauvage sont trop chers et trop petits pour répondre à leurs besoins.

En parallèle, d’ici 2030 au Québec, approximativement une personne sur quatre sera âgée de 65 ans et plus (Statistique Canada, 2014). De ce nombre, 30 % sont à risque de souffrir d’isolement social. Cette condition contribue à la régression cognitive, augmente le taux de mortalité et est en lien direct avec la dépression. Face à ces problématiques, il est pertinent et impératif de porter un regard critique sur notre façon d’habiter la ville afin de préserver la qualité de vie de Montréal ainsi que ses rares espaces boisés encore vierges.

Nous avons l’occasion de repenser nos typologies de logement pour qu’elles répondent mieux aux besoins sociaux et économiques de ces groupes d’individus. L’objectif du projet est de concevoir une communauté coopérative multigénérationnelle répondant aux besoins des deux groupes d’individus mentionnés plus haut, fondée sur les principes d’habitabilité, d’abordabilité, de solidarité et d’autosuffisance par l’intermédiaire de l’agriculture urbaine comme activité sociale et de subsistance.

Le projet allie donc des logements pour différentes formes de ménages allant de personnes âgées seules à des familles de trois enfants. Le projet prévoit aussi des espaces communautaires pour les membres de la coopérative, des lieux d’échange et de distribution des produits récoltés par la coopérative et des lieux récréatifs pour les jeunes. Le tout est imbriqué dans des espaces d’agriculture urbaine prenant la forme de toits verts en été et de serres verticales pour les saisons plus froides.

Le bâtiment s’implante sur un espace de stationnement adjacent au boisé d’Ailleboust, un des rares espaces verts du quartier Mercier. Le site se trouve sur le passage du ruisseau Molson, un ancien cours d’eau maintenant enfoui. Il est prévu que ce boisé sera rasé pour la construction de tours à condos de 16 étages. Il s’agit donc ici d’une contre-proposition.

Par son mécanisme de fonctionnement en économie collaborative, sa forme, son échelle humaine, sa composition programmatique et sa relation avec la nature, le Village des générations propose une solution de rechange au mode de vie proposé par le marché immobilier montréalais. Il encourage la mixité, la socialisation, et explore le potentiel de l’agriculture urbaine comme un projet coopératif vers une autosuffisance alimentaire, mais également comme catalyseur social.

Alliant eau et ville, nature et architecture, humains et vie, il encourage ses résidents à s’y investir et y vivre plutôt que de simplement y résider.

Charles-Édouard Dorion