Venant des arts de la scène, le design d’intérieur se révèle comme un complément à ma démarche artistique. Adoptant une approche scénographique, immersive et sensible aux rapports de l’humain à l’espace, je donne une symbolique à chacune de mes interventions à travers une recherche approfondie de la problématique tout en m’inspirant des lignes du cadre architectural.
Au théâtre, chacun joue son rôle. L’acteur, actif, devient un émetteur alors que le spectateur, prisonnier de sa passivité, en est le récepteur. Enfermés dans leurs sphères respectives imposées par l’évolution architecturale des théâtres, l’un et l’autre se cherchent à travers la salle. Implanté au cœur Rouyn-Noranda, capitale culturelle de l’Abitibi-Témiscamingue, La Raffinerie, propose un contenant expérimental qui abolit les conventions théâtrales et devient le phare d’une culture régionale avant-gardiste. Jouant sur l’ambigüité des seuils, l’opacité et la transparence, elle propose un parcours multi sensoriel à travers lequel les deux sujets sont neutralisés en regard de leurs préoccupations extérieures. Établissant un premier contact visuel quelque peu floué par la matérialité, on les immerge ensuite dans l’imprévisibilité d’une expérience artistique donnée où fusionnent réalité et théâtralité.
Telle une canalisation, une trame de cuivre rattachée à la structure, traverse l’ensemble des espaces et réinterprète la notion de cadre. Engagée dans l’aménagement et la circulation elle contribue à banaliser la symbolique de frontière associée à la scène et, ainsi, rétablir une connexion avec la salle. La Raffinerie intègre également un prototype qui remet en question l’assise traditionnelle et engage le corps du spectateur dans la représentation lui permettant de se projeter dans le rôle de l’acteur et ainsi faciliter la connexion entre les deux entités.
Misant sur la flexibilité des espaces, le design minimaliste demeure au service de l’expérience souhaitée et laisse l'imaginaire des créateurs mettre en scène l'entièreté du lieu.