À mon avis, l’aménagement de nos milieux de vie nécessite une approche transversale entre différents champs d’études. L’urbanisme se situe justement à l’interface de plusieurs disciplines et c’est précisément cette approche multidisciplinaire qui rend ce domaine si pertinent. Je m’intéresse principalement aux questions qui se situent à la confluence des sensibilités paysagères et des pratiques aménagistes. L’urbanisme me permet alors d’arrimer des concepts prenant racine dans une grande variété de domaines tels que la géographie, les études urbaines, l’architecture du paysage ou l’écologie.
Les paysages qui nous entourent se situent à l’interface des pratiques du territoire et de l’espace géographique. D’abord évoqués sous formes artistiques, les paysages deviennent peu à peu, du moins pour ceux qui y sont sensibles, des ancrages de l’identité d’un lieu. La transformation en tout ou en partie des territoires auxquels sont conférés des attributs paysagers peut alors être perçue comme une menace en ce qui concerne l’intégrité de ces paysages. C’est d’ailleurs ce que nous montre l’exemple récent du projet de ligne hydroélectrique à Saint-Adolph d’Howard.
Malheureusement, comme l’a écrit un observateur de longue date des pratiques d’aménagement : « L’avenir de nos milieux de vie, de nos espaces récréotouristiques ou de nos territoires-ressources semble irrémédiablement inféodé aux dictats du marché et au développement économique à tout prix, quel qu’en soit le prix ». C’est pourquoi je cherche à comprendre les limites de l’intégration du paysage au sein des outils de développement territorial. C’est avec l’idée que les paysages ont plus à offrir que de simples ressources naturelles à exploiter que s’inscrit cette démarche. Ainsi, je cherche à comprendre comment au fil du temps et des mouvances paysagères, l’essence des paysages peut porter les régions d’aujourd’hui et de demain.