Ce qui m’a conduit vers l’urbanisme, c’est ma formation en architecture de paysage. J’ai alors été exposée aux enjeux environnementaux, à la dimension sociale de l’aménagement, puis à la ville. J’y ai retrouvé la complexité de l’écosystème naturel, le souci pour la qualité de l’expérience humaine et la beauté. Toutes ces qualités me plaisaient déjà, mais cette fois, je trouvais l’échelle d’intervention encore plus intéressante. Je suis motivée à l’idée d’organiser l’espace pour en faire un milieu de vie riche, évolutif et inspirant. L’Homme et la ville sont indissociables, et le changement, très excitant.
La notion de terraformation fait référence à la transformation d’une planète ou d’un écosystème hostile à la vie humaine pour le rendre habitable. Transposé en urbanisme et traduit dans un contexte plus concret, ce concept apparait fort intéressant et pertinent pour repenser les espaces urbains sous-utilisés ou abandonnés. Le but de notre projet est donc, par le déploiement de nos machines terraformatrices et l’appel à la médiation culturelle, de reconquérir les berges du Saint-Laurent à Pointe-Saint-Charles. Pour ce faire, de petites machines déposées dans les ruelles composeraient un parcours, dirigé par un récit artistique, menant jusqu’aux berges. Là, sur les rives du Saint-Laurent, les grandes machines installées sur le site seraient accompagnées de conteurs, d’artistes et d’intervenants en médiation culturelle. Elles raconteraient l’histoire du site de façon métaphorique, permettant la réinvention et la requalification du lieu, offrant l’occasion de créer de nouvelles aspirations pour cet endroit marginalisé. La terre serait donc régénérée à la fois physiquement et symboliquement grâce aux machines. Par exemple, elles pourraient offrir des points de vue sur le fleuve depuis leur plateforme accessible par des passerelles, permettant une réappropriation de l’eau. Elles pourraient aussi être conçues comme des explorateurs de fonds terriens permettant de visiter l’histoire de l’humanité à travers l’analyse de ses déchets. Les formes de ces machines sont ainsi quasiment infinies, leur originalité reposant sur les épaules des artistes et citoyens impliqués dans leur conception et leur évolution au gré des saisons.