L’urbanisme a frappé à ma porte il y a deux ans lorsque, entre Marrakech et Moscou, j’oscillais entre deux milieux de vie fort contrastés et façonnés par des politiques urbaines déficientes. L’urbanisme s’est invité chez moi lorsqu’un ami m’a mis entre les mains The image of the city de Kevin Lynch. Puis, il s’est imposé comme une évidence lorsque je me suis surprise à penser, pour la première fois, la ville autrement : comment inspirer le changement, comment impulser la transformation vers un milieu de vie désirable, plus juste, plus inclusif, plus économe en ressources, pensé pour l’homme et pour longtemps ? En 108 mots, voilà mon cheminement.
La notion de terraformation fait référence à la transformation d’une planète ou d’un écosystème hostile à la vie humaine pour le rendre habitable. Transposé en urbanisme et traduit dans un contexte plus concret, ce concept apparait fort intéressant et pertinent pour repenser les espaces urbains sous-utilisés ou abandonnés. Le but de notre projet est donc, par le déploiement de nos machines terraformatrices et l’appel à la médiation culturelle, de reconquérir les berges du Saint-Laurent à Pointe-Saint-Charles. Pour ce faire, de petites machines déposées dans les ruelles composeraient un parcours, dirigé par un récit artistique, menant jusqu’aux berges. Là, sur les rives du Saint-Laurent, les grandes machines installées sur le site seraient accompagnées de conteurs, d’artistes et d’intervenants en médiation culturelle. Elles raconteraient l’histoire du site de façon métaphorique, permettant la réinvention et la requalification du lieu, offrant l’occasion de créer de nouvelles aspirations pour cet endroit marginalisé. La terre serait donc régénérée à la fois physiquement et symboliquement grâce aux machines. Par exemple, elles pourraient offrir des points de vue sur le fleuve depuis leur plateforme accessible par des passerelles, permettant une réappropriation de l’eau. Elles pourraient aussi être conçues comme des explorateurs de fonds terriens permettant de visiter l’histoire de l’humanité à travers l’analyse de ses déchets. Les formes de ces machines sont ainsi quasiment infinies, leur originalité reposant sur les épaules des artistes et citoyens impliqués dans leur conception et leur évolution au gré des saisons.